2016, une année pleine de défis pour Technopole Martinique
Élisabeth Landi, vice-présidente de la CACEM en charge de l’Innovation et présidente de la Commission Innovation et Entreprise de la CACEM, nous explique les orientations stratégiques de Technopole en 2016.
Technopole Martinique : Quel bilan tirez-vous de l’année 2015 ?
Élisabeth Landi : 2015 a permis de renforcer l’ancrage de Technopole Martinique dans le paysage entrepreneurial et économique martiniquais ainsi que dans l’écosystème de l’innovation, et notamment avec CAP Nord, la Chambre de commerce et d’industrie et le réseau RETIS.
L’année dernière, Technopole a été sollicitée par 105 porteurs de projets d’innovation dont 18 dossiers ont été sélectionnés. Au total, nous avons accompagné 45 projets dont 40% issus du secteur de l’agro transformation et 20% des nouveaux services.
Avec 12 entreprises hébergées, la pépinière d’entreprises a enregistré un taux de remplissage de 60%. Ce score s’explique par une sélection rigoureuse, dès le départ, de projets possédant les qualités entrepreneuriales requises pour être viables. Au bout de 3 ans, 90% des entreprises accueillies sont toujours en activité.
Une vingtaine de travailleurs indépendants bénéficient de l’espace de coworking qui offre d’excellentes conditions de travail.
Du coté de l’animation de l’écosystème d’innovation, L’activité de Technopole a été dense puisque 40 actions et opérations d’information, de sensibilisation et de formation ont été menées durant l’année 2015.
Technopole Martinique : Vous êtes donc satisfaite ?
Élisabeth Landi : Oui, car les indicateurs attestent de l’efficacité de Technopole Martinique, fruit du travail d’une équipe compétente et soudée.
Technopole Martinique : En 2016, quels défis Technopole Martinique souhaite-t-elle relever ?
Élisabeth Landi : Nous nous sommes fixés une priorité de fonctionnement. Bien que la CACEM porte l’innovation depuis plus 10 ans, Technopole devra trouver d’autres sources de financements pour répondre à la demande de tous les porteurs de projets. D’où la mise en place de partenariats.
Technopole Martinique : Qu’en est-il au plan stratégique ?
Élisabeth Landi : Outre de nombreuses actions ponctuelles menées au long de l’année, trois grands projets mobiliseront fortement l’équipe de Technopole.
Il y a d’abord le lancement du concours d’architectes pour la conception de la pépinière d’agro transformation de Choco-Choisy, à Saint-Joseph, et la coordination de l’ensemble des opérateurs pour l’exécution des travaux. Cette pépinière constitue un véritable enjeu pour la CACEM si l’on souhaite s’orienter vers la diversification. Elle contribuera à la structuration la filière.
D’ici fin 2018, la « pépinière agro transformation » offrira un espace de 900 m2 de production répartis entre une dizaine d’entreprises, soit environ soit 100m2 par entreprise, qui fournira une plateforme logistique et un environnement adapté pour accueillir leurs activités. Les fonctions supports seront mutualisées comme le stockage en froid positif et en froid négatif, le stockage en sec…
Cet outil, conçu pour être complémentaire aux activités et aux projets du PARM, est un projet mené en partenariat avec l’écosystème de l’agro transformation. Son comité technique fédère des acteurs tels que INOVAGRO, le PARM, le FEADER, la DAF, la Chambre d’Agriculture…
La deuxième orientation stratégique sera de stimuler l’innovation auprès des industriels et des étudiants-entrepreneurs qui présentent un potentiel d’innovation. L’opération « diagnostic stratégique d’innovation », permettra d’anticiper les besoins des entrepreneurs en détectant les porteurs de projets clés et en analysant les pistes d’innovation susceptibles d’évoluer en nouveaux produits ou services. Bien souvent, les industriels ont la capacité pour porter de tels projets. En février, deux entreprises, l’une dans l’agro transformation, l’autre dans la construction des bateaux, participeront à ce diagnostic stratégique d’innovation à titre expérimental.
Enfin, nous souhaitons augmenter la visibilité du réseau CAP Innovation, troisième enjeu majeur pour l’écosystème de l’innovation. Ce réseau est le support de notre dynamique partenariale. Il fédère les accompagnants de l’innovation, à savoir une quinzaine de partenaires. CAP Innovation a pour vocation de professionnaliser l’accompagnement de l’innovation et d’améliorer la synergie au profit des porteurs de projets. Nous avons la volonté d’améliorer la coordination entre l’opportunité du financement avec la maturité du projet. A cet égard, nous avons planifié des formations d’ingénierie de financement de l’innovation avec RETIS. D’autre part, les membres de CAP Innovation sont demandeurs d’outils d’identification des projets innovants.
Développer de nouveaux projets pour répondre efficacement à la demande, bien travailler en réseau en Martinique en jouant pleinement notre rôle d’animateur et de coordinateur, tels sont les paris que Technopole doit réussir en 2016.
Technopole Martinique : Dans quel contexte évoluera Technopole Martinique en 2016 ?
Gilles Gestel : Nous devrons atteindre nos objectifs dans un contexte mouvant. Pour conforter notre positionnement de référent de l’accompagnement de l’innovation entrepreneuriale, la conjoncture nous impose de nous adapter aux nouvelles façons d’innover, à l’instabilité et au manque de solvabilité des marchés, ainsi qu’à la gouvernance territoriale de l’innovation.
Par ailleurs, nous déplorons le ralentissement du flux de projets innovants « éligibles » selon notre grille d’analyse, signe d’une déliquescence économique. Nombre de projets relèvent de la création d’un emploi pour leur porteur de projet et non de l’esprit d’entreprendre. Parfois la dimension « innovation » est absente. D’où la nécessité pour nous d’avoir un discours et des actions pédagogiques sur l’entreprise innovante, vecteur de nouvelles valeurs ajoutées en lien avec la R&D.
Il convient de considérer également le besoin de financements complémentaires permettant de déployer notre action à l’échelle du territoire.